Bijections et correspondances
J’ai replongé : écume bitume
sous un drôle de quartier
de Lune
quand les rues sont en bijection avec
l’espoir
je suppose des exoplanètes roulant comme des billes de flipper
on les regarde passer : atmosphère ! Atmosphère ! Ont-elle une gueule d’atmosphère ?
Notre vie est si belle ici, si parfaitement bijective dans nos aspirations métaphysiques :
tout concorde, socialement, politiquement, biologiquement,
chaque petit élan synaptique trouve sa correspondance
dans la manifestation magnifiquement simulée en nous de l’Univers
Un peu comme ces gens qui passent, ces beaux couples
de belles bijections eux aussi ;
qui n’est pas bijectif est un peu triste
du moment qu’il a l’âge de se reproduire
Ils passent, comme des exoplanètes un peu critiques, extrêmes
c’est à dire que la vie n’en veut pas
ils regardent le canal noir et qui pue
se demandent au fond s’ils peuvent y trouver leur bijection
C’est drôle comme on s’accroche à la vie
c’est drôle comme certains ont le regard noir et obstiné
comme un monde en verrouillage gravitationnel
c’est drôle comme on jette les enfants là-dedans, avec le sourire
c’est drôle comme on gratte au plus loin qu’on peut dans l’espace
pour voir si le carbone peut s’y assembler aussi en un genre de fleur bizarre,
de pachyderme ailé, Mozart ou
Kim Kardashian
pour trouver une bijection de la Terre,
ailleurs, quoi, c’est drôle
et moi aussi
je me perds
en bijections
Brice Haziza, en cours d'accrétion
Illustration : "Je retiens", fonctions bijectives